LE DESIR DE MIYAZAKI

 
 
On le sait, Miyazaki est un fervent protecteur de la Nature. Il doute de l'avenir du Japon car il pense que bientôt plus aucune végétation n'existera, or il sait que la Nature est à l'origine de tout : de la société japonaise, des religions et même des Hommes. Miyazaki a toujours en tête cette idée, la Nature est comme une mère pour l'Homme, alors pourquoi la tuer ? Ce qui est paradoxale, c'est que les japonais sont très attachés à leurs racines. Une harmonie est possible entre l'Homme et la Nature, car l'Homme, c'est la Nature. Miyazaki n'hésite pas à dire que l'Homme est égoïste et orgueilleux : parce qu'il est plus avancé et plus intelligent que d'autres animaux, il croit que c'est lui le maître. Or, Miyazaki réfute cette idée dans chacun de ses films.
Plutôt que de détruire l'image de l'Homme dans ceux-ci, Miyazaki préfère mettre en avant l'harmonie possible et paradisiaque qui pourrait exister entre l'Homme et la Nature. Rappelons que dans chacun de ses films, il préfère mettre à l'écart le manichéisme, si facile, pour créer des personnages complexes parfois touchants, parfois blessants. Ainsi Dame Eboshi, qu'on croit au début du film Princesse Mononoké méchante, égoïste et destructrice, est en vérité une femme généreuse, accueillante et qui doit être forte pour survivre. C'est toute cette complexité qui fait des oeuvres de Miyazaki de vrais chef-d'oeuvres, d'une immense richesse.



La forge de Dame Eboshi est en plein milieu d'une nature luxuriante, cependant, elle exploite une grande partie de cet environnement pour créer du fer, et ansi des armes, grâce aux minerais. Elle doit pour cela "avancer" de plus en plus vers la forêt, ce qui ne plaît pas du tout à la faune locale (tout de même composée de dieux).

Dans une entrevue, Miyazaki a dit qu'une grande part de la culture actuelle est « légère et superficielle et fausse », et qu’il attend, « pas complètement en plaisantant », une ère apocalyptique où les « herbes vertes sauvages » reprendront la Terre.

 
Nausicaä et la Vallée du Vent, où les Hommes sont envahis par une Nature toxique.

Dans Princesse Mononoké, l'Homme domine, alors que dans Nausicaä et la Vallée du Vent, la Nature prend le dessus sur l'Homme.
Ces deux films montrent la guerre perpétuelle que se livre ces deux camps opposés, mais à la fois si proches, résolue toujours par un élément pacifique.
Dans Princesse Mononoké, c'est Ashitaka qui va faire règner la paix à Tatara par la seule force de son amour pour Mononoké et de son respect pour les dieux. Dans Nausicaä et la Vallée du Vent, c'est une princesse pacifique qui sait parler aux êtres vivants qui règle les conflits.


Miyazaki nous dit ainsi qu'il faut prendre du recul, laisser la végétation tranquille et vivre de notre côté en profitant tout de même des bienfaits de la Nature (sans lui nuire). Il pense donc qu'une utopie est possible.
Hélas, de nos jours, la société est tellement basée sur l'industrie, les usines et tout ce qui pollue, qu'il est presque impossible de pouvoir du jour au lendemain vivre en autarcie.
C'est pour cela que ses animations sont très souvent destinées aux enfants : pour leur donner un message écologique, pour qu'ainsi, inconsciemment, il pense et protège la Nature à chaque instant.
Ainsi, dans Mon Voisin Totoro, Mei, la plus petite, est une jeune fille apprenant la vie et ses aléas : l'enfant s'identifie à elle, il se dit que tout est possible dans une nature verdoyante et sans danger, il pense même trouver Totoro dans un coin de la forêt ! Cela lui fait aimer la Nature, il la considère comme un terrain de jeu.



Après, il faut que le spectateur plus grand et plus averti trouve aussi un aspect merveilleux à la Nature. C'est à ce moment qu'intervient le talent artistique de Miyazaki...







Hélas, nous trouvons ce genre de paysages que dans les campagnes reculées et très préservées.






Cette photo symbolise très bien la situation actuelle du Japon : une urbanisation qui progresse en couronne et qui détruit la Nature.




Miyazaki ne veut pas dessiner une ville métropolitaine actuelle : cela ne l'intéresse pas. Il préfère représenter des villes anciennes ou d'un autre temps, car à ces époques, l'Homme ne massacrait pas encore la Nature, il vivait en communion avec elle, puisqu'il ne s'en souciait que très peu.

Maisonnette des années 30 dans le film Porco Rosso




Village de type alsacien au XIXème siècle où l'industrie florissante n'abîmait pas encore la Nature, dans le film Le Château Ambulant


On voit à travers ces dessins l'envie de Miyazaki de retourner en arrière, à l'époque où la Nature était encore vierge et où aucun oiseau n'était emmazouté.

 



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