LES EXCLUS DE LA SOCIETE
 
 


Les exclus de la société sont présents dans beaucoup de films Miyazaki. Il veut que le spectateur les considère avec tendresse.


Ponyo sur la Falaise

Dans Ponyo sur la Falaise, les personnes âgées sont peu considérées même si elles ont un rôle important à la fin du film (surtout une).



En effet, elles sont très peu écoutée durant tout le film, mais on se doute que dans une société comme celle du Japon, elle sont encore plus maltraitées. Elles apportent la gaieté et la légèreté au film, car elles sont des caricatures de la grand-mère que l'on voit dans les contes.

Il faut savoir qu'au Japon, les seniors travaillent le plus longtemps possible (l'âge de la retraite va passer à 65 ans en 2013) : la valeur du travail est très ancrée dans la culture et la mentalité japonaise.
Sachant que la société japonaise compte près de 20% de personnes âgées de plus de 65 ans (record mondial) et que son taux de natalité est le plus faible du monde (avec 1.34 enfants par femme en âge de procréer), le Japon fait exploser les finances publiques. Ainsi, en 2003, il y avait quatre actifs pour financer un seul retraité : en 2050, il ne restera plus que deux actifs pour payer la pension de trois retraités.
Pour remédier à ce mal, de nombreuses entreprises nipponnes se mettent à recruter des personnes retraitées pour exécuter des tâches simples.
Si la population japonaise est la plus vieille du monde ce n'est pas un hasard : c'est grâce à la quasi absence de retraite, en travaillant plus longtemps, les Japonais restent tout simplement plus longtemps actifs.
Comme en Occident, les retraités sont souvent plaçés en maisons de retraite, car les familles japonaises modernes n'ont pas le temps de s'en occuper. Ils reçoivent rarement des visites dans leur établissements.

 
Les veilles femmes redécouvrent le plaisir de marcher.

Le Voyage de Chihiro

Dans Le Voyage de Chihiro, le cas est assez complexe, puisque le rejeté, Sans-Visage, représente la société actuelle de consommation. On peut donc dire, que au travers d'une métaphore, l'enfant pur (Chihiro) refuse la société actuelle (elle ne veut pas de son or). Personne ne le fait entrer dans les bains car ce lieu est une petite ville à lui tout seul et que si on fait rentrer la "société" tout changerait et tournerait autour de l'argent.
Il peut aussi être vu comme une personne timide en société qui donnerait tout pour que quelques personnes le remarquent et l'admirent.



 
 
Sans-Visage avoue à Chihiro qu'il se sent très seul : il comprend que les gens ne s'intéressent à lui uniquement pour son argent. Seul Chihiro ne lui demande rien ce qui le touche.





Kamaji, ou "pépé chaudière", lui, est un marginal : il vit en dessous des bains dans une petite pièce en compagnie de boules de suie. Ils représentent la classe ouvrière : pauvres, mal considérés et effectuant des tâches pénibles. Miyazaki a repris l'expression populaire "J'ai pas six bras !" pour créer le personnage de Kamaji : cela montre qu'il est totalement débordé. Il est en permanence concentré puisque s'il s'arrête, le fonctionnement des bains s'arrête aussi. En plus d'entretenir la chaudière des bains, il prépare également les lotions pharmaceutiques pour les clients : Miyazaki montre que les patrons peuvent profiter de leurs employés en leur faisant effectuer plusieurs tâches en même temps, dans l'unique but de gagner plus d'argent.
Miyazaki lui-même s'est comparé au vieux Kamaji et a comparée les bains au studio Ghibli !




Zeniba est la soeur jumelle, mais pourtant rivale, de Yubaba. Elle a décidé de s'isoler des bains de sa soeur pour ne pas devenir cupide et avare comme elle. Ayant comparé les bains à la société actuellle du travail, avec toute une hiérarchie, on pourrait comparé Zenaba aux personnes qui décident d'emménager en campagne pour se débarraser du bruit et de la pression de la ville. Elle pourrait aussi être vue comme une ermite, pourtant, contrairement à sa soeur, elle est très attachante et généreuse.


Elle propose à Sans-Visage de vivre avec elle pour l'aider car elle sait qu'il lui ressemble.


Princesse Mononoké

San, ou Princesse Mononoké, est le stéréotype de "l'enfant sauvage" qu'on décrit dans les livres, comme Le Livre de la Jungle de Kipling, ou dans les films, comme L'enfant sauvage de Truffaut ou Nell, jouée par Jodie Foster. Un enfant sauvage est un enfant qui, perdu ou abandonné, a vécu à son plus jeune âge, reclus de la société, à l'écart de tout contact humain. San a été recueillie par les loups après avoir été abandonnée par des humains en fuite. Elle permet au spectateur de se mettre dans sa peau d'humaine parmis les animaux et ainsi de percevoir leur vision des faits humains et leurs dégâts. On peut ainsi comprendre la haine qu'a Mononoké envers les Hommes. San représente les deux valeurs du film : le féminisme et l'écologie, elle a donc une place très importante dans le film et peut être considérée comme l'un des personnages principal avec Ashitaka, même si elle n'apparaît qu'au bout de 20 minutes.




Dans Princesse Mononoké, Dame Eboshi recueille des lépreux et d'anciennes prostitués dans sa forge : elle s'occupe des exclus de l'époque, car pour elle, tout le monde est égal et doit être traité sans différence. C'est pour cela que l'on peut dire que Eboshi n'est pas une "méchante" femme, elle a ses mauvais et ses bons côtés. Les lépreux précisent bien que seule Dame Eboshi accepte de s'occuper d'eux : "Elle seule nous a traité comme des êtres humains". A l'époque, ils sont très mal vu car on croit qu'un démon les habite. Les lépreux n'ont été "parqués" qu'à partir du début du XXe siècle.
A l'époque de "Princesse Mononoké", les lépreux étaient certes considérés comme des hinins (des non-humains) mais au même titre que les bourreaux, les tanneurs ou les bouchers. Et c'est la seule discrimination dont ils sont frappés avant Mitsuda. La peur de la contagion n'existe pas vraiment contrairement à l'Europe médiévale. La maladie n'est vue que d'un point de vue religieux : c'est une malédiction qui frappe des impurs, qui est un jugement divin.
D'où la phrase "moi aussi je suis maudit" que les Japonais comprennent très bien et qui peut être mal interprété par un public occidental. Le vieux sage est un lépreux, c'est justement cette phrase qui lie encore plus le public japonais au sort des lépreux d'Eboshi, ce peuple japonais qui a longtemps considéré les lépreux comme des maudits (tout particulièrement avant l'époque Meiji). Cela explique aussi que Eboshi n'a aucune crainte d'aller auprès des lépreux où que ceux-ci soient "sans problèmes" mêlés au reste des défenseurs de la forteresse. L'isolement étant plus religieux que lié à la peur de la contagion, une fois le danger très important, on fait fi de ses croyances (alors que la contagion mortelle fait toujours réflechir un peu plus longtemps).

 


Les prostitués, elles, ont toujours été mal vues et mal considérées : on a le cliché de la blonde vulgaire en occident et de la geisha en orient.
Or dans ce film, les ex-prostituées sont représentées comme des personnes simples et totalement décomplexées : elles dirigent la forge d'une main de fer, n'hésitant pas à se servir d'une arme.
Ashitaka dit aux hommes au sujet des femmes des forges : « Femmes heureuses font bon village. »






Le Château Ambulant

Marko, le jeune apprenti d'Hauru, est un orphelin débrouillard qui vend les potions de son maître dans les différentes villes où le château s'établit. Pour mieux vendre et être plus crédible, il se déguise en vieillard grâce à une cape magique. Il considère Sophie comme la mère qu'il n'a jamais connue. Miyazaki montre ainsi les orphelins comme des enfants doux et très gentils qui ne demandent qu'à être acceptés par leurs semblables : ils se sous-estiment souvent et ne sont pas très sûrs d'eux, c'est le cas de Marko.

                   



Le Château dans le Ciel

Pom est un ermite qui vit dans les grottes de la mine désaffectée, loin de la cohue humaine. Il est l'équivalent de Robinson Crusoé, sauf qu'il vit sous terre.




 

Miyazaki veut, au travers de ses films, représenter tous les exclus qui puissent exister (lépreux, prostitués, orphelins, ouvriers, retraités, etc.) et montrer qu'il n'y a aucune raison pour qu'ils le soient : il montre des marginaux bons et prêts à tout pour se faire accepter dans la société. Miyazaki fait un éloge de ces personnes hors du système qui ne sont pas attirés par l'argent mais par l'amour des autres.










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